samedi 24 mars 2012

Des idoles

Ce matin, un petit mail dans ma boîte disait : « Toutes ces citations sonnent comme un requiem. » Un crépuscule, aurait sans doute rectifié Nietzsche, mais certainement plus celui des idoles (ou plus tout à fait les mêmes, disons...).

On assimile différemment une idée selon sa provenance. Même s'il s'agit de la même idée. Issue d'un roman de Joe R. Lansdale, elle sera différente d'un article du Monde qui l'exprime aussi, en d'autres termes et 15 ans après, mais intacte. Issue de la bouche d'un candidat socialiste (ou dérivé), vous l'entendrez autrement que si elle provient d'un scénario d'Olivier Assayas. Quatre provenances et quatre interprétations, mais toujours la même idée pourtant.
Pourquoi ?

Fort heureusement, personne ne m'a demandé au cours de cette semaine quel était le rapport entre le roman noir et ces citations. De temps en temps, j'en posterai d'autres, même si c'est moins captivant que la lecture d'un bon roman noir, et moins immédiat que les promesses et les pirouettes d'un homme politique en campagne.

Ce week-end, France Bleu Creuse va diffuser une émission réalisée avec trois éditeurs du département : Fond d'encre, Sans sucre ajouté et Ecorce. Nous avions tous les trois participé en 2010 à une table ronde à l'occasion de la journée du livre de Fursac, animée par Olivier Thuillas, du CRL (Centre régional du livre). Les dialogues croisés avec le public présent et les éditeurs entre eux avaient été riches. Deux ans plus tard, nous allons nous recroiser sur les ondes et parler de nos parcours respectifs, de nos intentions, de nos créations et de notre regard sur le monde du livre, bien actuel. Le marché du livre numérique, entre autres.

Séverine Chevalier est à présent fichée au sein du site K-libre. Un portrait, des dates et une courte bio, en attendant la chronique de son roman Recluses, qui ne saurait tarder. Cette même semaine, K-libre nous informe de la parution du n°127 du fanzine La vache qui lit, dont nous parlions précédemment, et qui reprend l'interview de Séverine réalisée par Caroline Obringer pour le blog Unwalkers, en février. La bio de Séverine est ici.

Dans le numéro 11 de la revue L'indic, nous l'indiquions dernièrement aussi, il est question des 25 bougies de la collection Rivages. Trois pages sont consacrées à cet anniversaire. Elles sont signées Eric Maneval. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'auteur en connait un bout sur l'histoire et surtout sur le contenu de cette collection phare en France. Et ce n'est pas un historique qu'il nous livre pour cette occasion, c'est sa propre expérience, aux limites de l'intime : ou comment les romans Rivages ont pu jalonner sa propre trajectoire. Quand, qui et comment.
Le blog de l'association Fondu au noir (coupable de L'indic) est ici.

Très bonne(s) lecture(s) à vous en ce radieux week-end.

vendredi 23 mars 2012

L'ère du vide

Gilles Lipovetsky : Ici comme ailleurs, le désert croît : le savoir, le pouvoir, le travail, l'armée, la famille, l'Église, les partis, etc. ont déjà globalement cessé de fonctionner comme des principes absolus et intangibles ; à des degrés différents, plus personne n'y croit, plus personne n'y investit quoi que ce soit.

Qui croit encore au travail quand on connaît les taux d'absentéisme et de turn over, quand la frénésie des vacances, des week-ends, des loisirs ne cesse de se développer, quand la retraite devient une aspiration de masse, voire un idéal ;

qui croit encore à la famille quand le taux de divorces ne cesse d'augmenter, quand les vieux sont chassés dans les maisons de retraite, quand les parents veulent rester « jeunes » et réclament le concours des « psy », quand les couples deviennent « libres » (...);

qui croit encore aux vertus de l'effort, de l'épargne, de la conscience professionnelle, de l'autorité, des sanctions ? Après l'église qui n'arrive même plus à recruter ses officiants, c'est le syndicalisme qui connaît une même chute d'influence : en France, en trente ans, on passe de 50% de travailleurs syndiqués à 25% aujourd'hui.

Partout, l'onde de désaffection se propage, débarrassant les institutions de leur grandeur antérieure et simultanément de leur puissance de mobilisation émotionnelle. Et pourtant le système fonctionne, les institutions se reproduisent et se développent, mais en roue libre, à vide, sans adhérence, ni sens, de plus en plus contrôlées par les « spécialistes », les derniers prêtres, comme dirait Nietzsche, les seuls à vouloir encore injecter du sens, de la valeur, là où ne règne déjà plus qu'un désert apathique.

De ce fait, si le système dans lequel nous vivons ressemble à des capsules d'astronautes dont parle Roszak, c'est moins par la rationalité et la prévisibilité qui y règnent que par le vide émotionnel, l'apesanteur indifférente dans laquelle se déploient les opérations sociales.

jeudi 22 mars 2012

Cabane

Gilles A. Tiberghien : Construire une cabane, c'est précisément ne rien fonder. Même si cela n'exclue pas une expérience « fondamentale », une expérience du sol et de l'environnement. Mais pas de la stabilité ou des racines – ce qui est le propre des demeures familiales qui portent bien leur nom. (...)
L'étymologie de « cabane » signifie « petite maison ». Sauf que les cabanes n'ont rien à voir avec les maisons, ou alors comme un auvent, une grotte, un terrier, ou n'importe quel abri a à voir avec n'importe quel autre. (...)
Je me demande s'il n'en va pas ainsi des hommes, de ceux qui vivent « sous le même toit » et qui, régulièrement, sortent de chez eux, non tant pour se divertir, comme le déplore Pascal, que pour se voir sous un autre jour, pour ne pas oublier la part d'eux-mêmes qui les relie au monde et sans laquelle leur intelligence est atrophiée. La cabane, elle, nous tient tout de suite en éveil, en prise avec ce qui nous entoure.

mercredi 21 mars 2012

Le terrier

Franz Kafka : Je vis en paix au plus profond de ma maison, et cependant quelque part, n'importe où, l'ennemi perce un trou qui l'amènera sur moi. Je ne peux pas dire qu'il ait plus de flair que je n'en ai ; peut-être m'ignore-t-il autant que je l'ignore. Mais il existe des ravisseurs acharnés qui fouissent aveuglément (...).

mardi 20 mars 2012

Humain

Friedrich Nietzsche : Qui a beaucoup à faire conserve à peu près sans changement ses idées et opinions générales. De même qui œuvre au service d'un idéal : il ne soumettra plus jamais l'idéal lui-même à examen, il n'en a plus le temps ; il est même contraire à son intérêt de le croire encore discutable.

lundi 19 mars 2012

Dans le château de Barbe-Bleue

George Steiner : Ce passage d'un état de culture triomphant à une après-culture ou à une sous-culture se traduit par une universelle
« retraite du mot ».
(...) Les sociologues, les spécialistes des communications de masse répètent tous les jours que la primauté de la « logique », cet agencement des éléments du temps autour du logos, touche à sa fin. (...) Les mots sont rongés par les mensonges et les faux espoirs dont ils sont responsables. (...) Le goût du style, du « travaillé » des formes expressives, est devenu une attitude de mandarin, quasiment suspecte.

dimanche 18 mars 2012

In god we trust

Christian Bobin : Le monde industriel c'est le monde tout entier, une fable noire pour enfants, une mauvaise insomnie dans le jour. La présence de l'argent y est considérable, autant que celle de Dieu dans les sociétés primitives.

samedi 17 mars 2012

@ Bois

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Si vous voulez savoir comment José Carlos Somoza réinvente l'art, quel rapport il existe entre Marcel Duchamp et Jean-François Vilar, qui a peint les pin-up sur les avions de chasse américains de la Deuxième Guerre mondiale, ou encore comment Fred Gevart se sert d'Edward Hopper pour écrire (...) il vous suffit de vous rendre à la bibliothèque La Noëlle, à Rezé (44), où l'association Fondu au noir fera le lien, via différents romans, entre l'art contemporain et le polar. Ce sera le 31 mars prochain. Rendez-vous sur le blog des fondus, ou sur cet article qui présente la rencontre, sur le site K-libre.

Il est également question du roman Bois, de Fred Gevart, sur le même site K-libre, à l'occasion du prix de la ville de Mauves-sur-Loire. Le vote aura lieu à la bibliothèque George Sand, à Mauves, le vendredi 23 mars prochain. Six romans ont été retenus, dont les titres et les auteurs sont indiqués dans cette dépêche sur K-libre.



Le livre numérique est au cœur des débats sur le salon du livre – de Paris, précisons-le, même si tout le monde ne le fait pas, comme s'il n'y avait en France qu'un seul salon... France Culture était sur place ce samedi 17 mars, pour interroger différents acteurs culturels sur le sujet.

Google, Amazon, les Etats-Unis, l'Europe, les marchés, les plateformes, les droits, les formats, les coûts, les machines, les pionniers... il est question de tout cela dans l'émission où, à un moment donné, un esprit lucide s'est autorisé une remarque qui, à l'heure actuelle, n'est pas encore entendue : il est bien peu question de culture dans cette histoire.
Vous pouvez podcaster l'émission en vous rendant sur le site de France Culture.

lundi 12 mars 2012

Ecorce en image

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Dans le cadre de la soirée Totale Ecorce, organisée le 3 avril 2011 à Limoges, cinq textes écrits par des auteurs pour les éditions Ecorce avaient été mis en scène :


Jean-Bernard Pouy : Virus à roulettes (lu par Marc Guillerot)
Séverine Chevalier : Une fête (lu par Pauline Drey)
Antoine Chainas : Obsidiones (interprété par Kim Desplay)
Patrick K. Dewdney : R. (interprété par trois membres du groupe Tayobo)
Séverine Chevalier : Je vois rien de ta fenêtre (mis en vidéo par Malika Uhlen)

Presque une année après cette soirée et quatre mois après la sortie du roman Recluses, nous vous offrons cette vidéo, réalisée par Malika Uhlen, d'après un texte que Séverine Chevalier avait écrit pour le recueil virtuel Polychromes : logos, paru en mai 2010 aux éditions Ecorce. Notez que Malika est aussi l'auteure des photos de couverture des romans Retour à la nuit, d'Eric Maneval, et Bois, de Fred Gevart.

Lancez la lecture et cliquez en bas à droite de la fenêtre
pour visionner la vidéo en plein écran.




dimanche 11 mars 2012

La vache

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La vache qui lit
consacre en grande partie son numéro 127 aux éditions Ecorce, et en particulier au roman de Séverine Chevalier : Recluses. Plus précisément encore, à une interview de l'auteure ; mais notez bien qu'il s'agit de celle réalisée par Caroline pour le blog Unwalkers en février. Un copié-collé effectué avec l'accord de toute l'équipe, naturellement.

Cette interview est toujours disponible sur Unwalkers : ici. Et vous pouvez aussi vous abonner à la lettre de La vache qui lit (publiée depuis 1997) en contactant son principal rédacteur :
serge.vacher[at]wanadoo.fr

Ce numéro 127 contient également une courte chronique de Recluses. On n'avait pas encore qualifié le roman de « space » – c'est maintenant chose faite. Et à l'attention des lecteurs qui seraient tentés de rester sur leurs gardes en lisant ces mots, rassurez-vous, le roman de Séverine n'est pas pour autant hallucinogène.
Certes, son écriture et sa structure contrarient bien des codes et des règles qu'on a coutume de suivre dans le genre noir (ou plutôt polar). Ils les esquivent, même. S'en contrefichent, peut-être bien. C'est l'image des sentiers battus qu'ont employée plusieurs lecteurs et chroniqueurs à la sortie du roman. La sentier n'est pas taillé, et encore moins balisé : pas de signalétique, pas de « paysage magnifique », pas de monument historique admirablement bien conservé à votre gauche, à votre droite, amis touristes. Il n'y a ni carte IGN, ni guide à votre service pour vous mâcher le travail. Mais néanmoins un itinéraire précis, au sens géographique et topographique. A vos risques et périls.

Enfin, ce numéro 127 évoque la relation de Limoges (où est implantée La vache qui lit) au polar. Un petit encart s'y intitule : Limoges : terrain noir. Et une mention est naturellement faite au prochain salon du livre que la même ville organise à la fin du mois.
« Ouvert à tous », dit l'article à propos de l'événement. « A presque tous », sommes-nous forcés de corriger. Comme vous le savez sans doute déjà, Séverine n'a pas été invitée sur ce salon, mais vous aurez néanmoins l'occasion de la rencontrer à Limoges, un peu plus tard.


Pour finir, nous apprenons ces jours-ci la fermeture du blog Moisson noire, dont le lien figure dans la colonne de droite de celui-ci, parmi les noirs détours. Nous allons le regretter, principalement pour les articles argumentés qu'il offrait de façon régulière, consacrés comme son nom l'indiquait à la littérature noire, au sens le plus large qui soit. Le blog reste néanmoins accessible et ne devrait pas disparaître.
Pour mémoire et archives, il y fut question de Retour à la nuit, d'Eric Maneval, en avril 2010, sur cette page, puis de Bois, de Fred Gevart, en janvier 2011, sur celle-ci.
Merci Yann.

jeudi 8 mars 2012

We are the number

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Les
Fondus et le facteur n'ont pas traîné. Le numéro 11 de L'indic était dans la boîte ce matin. Comme nous l'indiquons dans le message précédent du blog, il y est question d'Ecorce, gardé à vue au même titre que les éditions Asphalte et La Tengo. Sous quel motif ? A cause du domaine de l'édition, pardi. Ici et maintenant, qu'en est-il ? Réponse sous trois points de vue bien distincts. Trois expériences. Choix, parcours et chiffres à l'appui.

L'article, signé Caroline De Benedetti, se referme sur la délicate question du livre numérique qui, à elle seule, aurait mérité un dossier – auquel nous n'aurions pas la prétention d'avoir dû contribuer absolument. Et nous sommes très honorés d'avoir subi les questions de Caroline pour ce numéro 11. Merci aux fondus.

Mais le sujet numérique est encore frais, fragile, tout comme Internet l'était il y a une quinzaine d'années, à peine. Nous assistons à sa naissance et nous ignorons ce qu'il en sera dans dix ans. Nous sommes à la fois des veinards et des cobayes. L'heure est propice au questionnement de ce nouvel outil et à son expérimentation, surtout, à défaut d'absorber comme des éponges passives ce que les fabricants et les sites de vente en ligne nous en disent.


Veinards, parce qu'on est là pour le voir et le croire. Cobayes, parce qu'on n'est pas seulement des lecteurs dans cette histoire, mais peut-être avant tout des consommateurs visés par des marchands et des producteurs.
Les éditions Ecorce ont été contactées à différentes reprises par des structures et des labels qui misent sur le développement du "produit" numérique. Pas des marchands de machines, pour le coups, mais plutôt des diffuseurs. Le dernier roman paru chez Ecorce (Recluses, de Séverine Chevalier) était dans la mire. La possibilité de le proposer au format virtuel nous était offerte, ainsi que tout un tas d'options et de services avantageux (tout est toujours très avantageux quand on envisage de nous vendre un ensemble de services par téléphone, n'est-ce pas...).

Nous avons répondu que le roman avait bénéficié d'un soin particulier dans le choix du papier, de sa couleur, de son grain, de son grammage, etc. (les commerciaux à l'autre bout du fil ont eu l'air de dire que c'était bien). Nous avons parlé de l'objet livre lui-même et du plaisir de tourner des pages (le bruit, le sens tactile). Nous avons aussi évoqué nos précieux partenaires que sont les libraires, ainsi que ces événements qu'on appelle encore "salons du livre" (mais pourquoi ne pas envisager à plus ou moins long terme l'organisation d'un tel événement sur Internet ? Ou imaginer qu'on puisse dans le futur se rendre sur des salons, équipés de nos tablettes ultra-plates que les auteurs dédicaceront avec des feutres indélébiles ?).
Nous avons poliment décliné la proposition.

Nous évoquons dans l'article de L'indic la crainte de voir disparaître les libraires (ceux bien physiques et humains qui savent nous conseiller quand on franchit le seuil de leur boutique – et nous ne parlons pas ici des grandes surfaces "culturelles"), mais aussi celle des éditeurs. On ne mesure pas encore les conséquences que pourrait entraîner le succès du format numérique qu'on nous promet. Un crack, une conversion et une duplication de fichier sont simples comme bonjour, et au revoir l'illusion. Et nous aurons beau vendre moins cher les livres virtuels que les livres papiers, ils resteront toujours trop chers – ils auront un prix, tout simplement, tandis que des copies piratées seront à portée des lecteurs qui n'ont pas les moyens de s'offrir le dernier roman de leurs auteurs préférés pour 10 ou 15 euros. On ne se posera pas deux fois la question.

Dans cette histoire, le nombre de personnes qui lisent augmentera-t-il ? Pas certain du tout. Et c'est encore un autre sujet. Ce qui risque en revanche de diminuer fortement, ce sont les bénéfices des libraires, des diffuseurs, des maisons d'édition, mais aussi les droits d'auteurs. Sans parler des imprimeurs...
Et ce n'est ici qu'un survol des gros titres du problème. Pour chaque, il y a matière à étude et développement. Et les années à venir devraient nous fournir cette matière, en quantité.

Un dernier point : n'importe qui aujourd'hui est en mesure "d'éditer" son propre livre au format numérique. Ce n'est pas de l'anticipation, c'est une réalité. Par ailleurs, n'importe qui a également la possibilité de dire "j'aime" ou "j'aime pas" sur Internet ; les supports ne manquent pas, qu'il s'agisse de blogs, de réseaux sociaux, de forums ou d'espaces ouverts aux commentaires publics. J'aime ou j'aime pas, j'adore, c'est cool, sans nécessairement argumenter. Sans forcément s'appuyer sur les critères adéquates qui font qu'un roman ou qu'un film ont des raisons d'exister ; sans se soucier un instant des questions littéraires ou cinématographiques (un livre est un livre ; un film est un film ; point barre, n'est-ce pas...).

N'importe qui peut écrire un roman (ou un livre de cuisine) et peut le divulguer sur la toile. N'importe qui pourra dire qu'il l'aime ou qu'il ne l'aime pas (qu'il est nul ou trop trop sympa). Le débat sur le livre numérique a lieu dans ce contexte où il semblerait que les critères d'exigences de qualité s'évaporent, ou se font écraser, dénigrer sous couvert de liberté (d'expression et de tout un tas d'autres choses, y compris en l'absence totale d'arguments et de connaissance).

Mais tout ceci n'est qu'un point de vue sur un domaine aux enjeux multiples qui dépassent largement la question du livre. Un regard parmi les regards. Et nous restons des veinards, avant tout.

Et cetera

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Ce vendredi 9 mars, à la librairie Charybde (Paris 12ème), l'association Fondu au noir animera une soirée thriller autour d'une sélection de six romans. Parmi eux, un certain Retour à la nuit, écrit par un non moins certain Eric Maneval.

Comment ça un thriller ?

Les mêmes Fondus, sur leur blog, nous annoncent la sortie du numéro 11 de la revue L'indic, intitulé Polar et politique. Outre ce thème central, il est aussi question d'éditeurs. Tout d'abord l'anniversaire de la collection Rivages : 25 ans. Et trois autres, un peu plus modestes : Asphalte, Ecorce et La Tengo. Si vous n'êtes pas encore abonnés, il est temps.



Côté romans, le troisième tome de la trilogie H, de Franck Bouysse, s'apprête à voir le jour, intitulé La huitième lettre (après Le mystère H et Lhondres), chez Les ardents éditeurs. Les illustrations sont signées Pierre Demarty. L'auteur dédicacera son roman le 21 mars à la librairie Page et plume, à Limoges.



Un autre roman voit le jour ce jeudi 8 mars : Luz, de Marin Ledun, dans la collection Rat noir, chez Syros (édition jeunesse). Le synopsis est disponible sur le blog de l'auteur. Dans la même collection, nous vous recommandons fortement Allers sans retour, de Jean-Hugues Oppel, et Garde à vie, d'Afed Benotman.
Par ailleurs, une interview toute récente de Marin est disponible sur le blog de Velda.



Côté BD, Olivier Berlion, Antonin Varenne et Olivier Thomas signent un album intitulé Dos à la mer, aux éditions Emmanuel Proust. Au graphisme très alléchant, et nous allons l'ouvrir sans trop tarder...



Très bonnes lectures à vous.

samedi 3 mars 2012

Monde cruel

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Dernièrement, sur son blog, Velda parlait de sa lecture de Retour à la nuit, d'Eric Maneval. Nous lui avons confié Recluses sans plus tarder. Un texte qui ne laisse rien passer, exigeant du lecteur une attention de tous les instants. Une histoire d'enfermement, de folie, de mort qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, écrit-elle aujourd'hui.
Sa critique complète est ici.

Nous vous rappelons que le début du roman de Séverine Chevalier peut être téléchargé sur le site Ecorce, ici précisément. Les six premières pages – qui interrogent, qui poussent à se procurer le roman au plus vite, ou bien qui laissent perplexe et incitent à se détourner de ce livre à l'introduction bizarre.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Pourquoi l'auteure nous impose-t-elle deux fois le même passage ?
Etait-ce bien utile ? a-t-on pu lire ou entendre, ici et là. Deux fois la même scène, avec des éléments incrustés dans les paragraphes. Un exercice de copié-collé (oui, effectivement) qui nous dit quoi ?

Ce n'était pas utile, mais nécessaire. La nuance n'est pas mince.
Ce n'est rien d'autre qu'une clé, peut-être bien comparable à celle que Fred Gevart nous fournit, l'air de rien, dans le chapitre 4 du roman Bois. Pas juste une solution à l'intrigue, mais bien une méthode.

En décidant d'éditer le roman avec une telle introduction, nous étions bien conscients de prendre un risque. Une telle forme, un tel choix, ça passe ou ça casse. C'est ici que tout se décide, et l'introduction prend alors les allures d'un filtre sélectif : le lecteur accepte de suivre l'auteure dans ses intentions et ses choix, ou bien il s'en détourne.

Tout récemment, une lectrice nous a dit : il faut avoir des couilles pour commencer un roman de cette façon. Et Velda, dans son commentaire, écrit : Recluses est un roman de femmes, assurément.
Nous aimons beaucoup ce paradoxe.

Cependant, nous ne sommes pas entièrement d'accord avec Velda.
Monde cruel...

jeudi 1 mars 2012

Petits orages d'hiver

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Le mois de mars est déjà là, et des milliers de grues survolent actuellement certains secteurs de la région du Limousin, de nuit comme de jour. La page février se referme.

Elle fut marquée par de très bonnes critiques du roman Recluses, de Séverine Chevalier, et pas seulement dans le réseau du roman noir. Cela dit, nous n'avons rien fait pour qu'il s'en contente. Trop noir, ont dit certains. Pas assez polar, ont dit d'autres. Inoubliable, saisissant, décapant, a-t-on pu lire encore.
Et si le roman semble marquer profondément des lec(trices)teurs, il arrive aussi qu'il tombe des mains d'amateurs du genre noir. Les voies du polars sont impénétrables. Les commentaires et les critiques sont par ailleurs sans nuances : c'est noir ou c'est blanc. Jamais tiède. On ne peut que s'en réjouir, et Recluses a réellement débuté son voyage ce mois-ci.



Février fut également marqué par le refus de la ville de Limoges d'inviter Séverine Chevalier au salon Lire à Limoges 2012. Nous l'avons largement fait savoir, et nous remercions ici toutes les personnes, mais aussi les associations et les organismes qui ont partagé et relayé notre étonnement d'abord, et notre indignation surtout, à leur façon.
La réponse officielle et définitive à notre réaction nous est parvenue ce mardi 28 février par voie postale : Séverine Chevalier ne sera pas présente, ni les éditions Ecorce, d'aucune façon, sur le salon qui, cette année, devrait honorer le polar (mais nous venons de dire que le roman de Séverine n'en était pas vraiment un, alors n'est-ce pas dans l'ordre des choses, au fond ? Disons-nous cela, et regardons passer les grues).

Mais la réponse esquive la question du thème (probablement embarrassante), tout comme elle contourne l'erreur qui a pu être commise à l'origine, lors de l'examen des courriers adressés à la ville de Limoges par des centaines d'auteurs et d'éditeurs (comme tous les ans), dont d'autres se sont indignés aussi.
Aucune allusion n'est faite, au final, aux deux raisons qui nous ont poussé à réagir vivement à la première lettre de refus qui nous fut adressée, si impersonnelle et dénuée d'arguments qu'elle était, le 4 février dernier.
La réponse définitive s'appuie sur des restrictions budgétaires dues à la crise économique (nous savons bien tout cela, monsieur le Maire) et sur le manque de places (le chapiteau du salon ne sera pas divisé en deux pour autant, à notre connaissance).

Nous déplorons l'absence de Séverine sur ce salon.
Elle n'aurait sans doute pas dédicacé (vendu) 500 romans à cette occasion, certes, mais la question du chiffre n'a toujours pas intégré nos priorités. Nous défendons des auteurs et leurs romans ; pas des codes barre et des tiroirs-caisses.

Et pendant ce temps, les grues passent. Magnifiques. Indifférentes.
On a envie de les envier.
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