dimanche 24 janvier 2010

Un nouveau festival de polar est en gestation, dirait-on, du côté de Limoges.
Polar et rock n'roll, plus précisément, et peut-être aussi BD. Les trois domaines fonctionnent, ils se répondent bien ; ce ne sera pas la première fois qu'ils s'allieront.


Pas très original, donc.
En d'autres temps et sous une autre latitude, j'avais écrit un petit papier au sujet de ce rapport récurrent entre polar et rock (n'roll n'est pas systématique) - papier qui n'engageait que moi, bien entendu.

J'y citais nombre de références, y compris musicales ; j'aurais aussi pu y parler des images qu'on emploie couramment pour illustrer les affiches de ces festivals ou de ces soirées thématiques (homme à chapeau et vêtu d'un imper, qui tient un flingue dans une ruelle obscure sous le halo d'un lampadaire type années 20, jouxtant parfois la calandre d'une bagnole américaine classée monument historique depuis belle lurette) ; je constatais que le polar peinait à refléter son époque en ressassant de cette façon des références qui remontent au siècle dernier ; bien souvent aux années 40 à 70.
A cette époque (les années 70), Jean-Patrick Manchette n'hésitait pas à nourrir ses romans de noms de musiciens et de titres d'oeuvres ; il situait ainsi ses récits non seulement dans une époque, mais il fournissait aussi par ce biais des indications précieuses sur l'appartenance sociale et le niveau culturel de ses personnages.

Mais voilà qu'on trouve encore aujourd'hui, en 2010, les mêmes références exactement, inexorablement cramponnées à un registre littéraire déjà si souvent qualifié de sous-littérature., tandis qu'on sait aussi en parler comme d'une littérature de transgression.
Alors que penser de ce polar-là ? Celui, ridé et grisonnant, qui nous balance des momies au programme et semble ignorer complètement les veines sonores qui ressemblent au XXIème siècle ? Que transgresse-t-il ? Qu'envisage-t-il de nous raconter au sujet de notre époque ?


On me répliquera sans doute que le XXIème siècle est aussi fait de vétérans, bien sûr, mais l'époque, elle, et ses technologies, et ses orientations, et les comportements humains qui la caractérisent, peuvent difficilement être illustrés par Led Zeppelin, Deep Purple ou les Clash, que je sache. Ou bien nous ne la saisissons pas. Elle nous échappe, nous dépasse, et on persiste à se terrer dans les rouages d'une autre époque ; c'est tellement rassurant de prétendre que les vraies valeurs se situent dans le passé. C'est valable pour la musique et pour tout le reste.

Mais on reparlera tout de même de ce festival Polar et Rock n'roll, quand il verra le jour.

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