Deux semaines après Eric Maneval, c'est au tour de Séverine Chevalier de répondre aux questions de Cassiopée sur le site Un Polar-collectif. L'entretien se trouve ici. Il fait suite à une critique du roman Recluses sur le même site.
Séverine n'avait répondu qu'à une seule série de questions jusqu'à maintenant, peu après la sortie du roman, pour le blog Unwalkers (elle est ici). Entre temps, une chose est apparue évidente : ce roman a peu convaincu les amateurs de polar. On nous a plusieurs fois dit aussi que Recluses aurait eu sa place dans une collection « blanche ».
Mais où se trouve la nuance, au juste ? Et de quoi parle-t-on ? Quelle est cette bizarre affaire de territoires, en fin de compte ? Bien sûr, il était clair dès le départ que ce roman n'épousait pas le moule traditionnel du registre « noir ». Séverine n'a tenu compte de ses codes que pour mieux les contourner, les tordre à sa guise, les questionner. Autrement dit, elle n'envisageait pas d'écrire pour un genre déterminé. Ecrire était sa seule intention, et l'entretien avec Cassiopée en témoigne. En écrivant Recluses, elle n'envisageait tout simplement pas que ce texte puisse être lu par d'autres, à l'exception peut-être de personnes précises qu'elle aurait alors désignées ; trois ou quatre, et encore...
Autant dire que le fait de respecter les codes d'un genre lui était complètement égal. Son écriture n'a pas de genre. Elle écrit, point. Et peut-être est-il trop rare d'entendre parler d'écriture dans cette dense et riche jungle que constitue le registre du roman noir. On parle des sujets, on parle des histoires ; on parle des intrigues (bien ficelées), des personnages (bien campés) ; on parle des auteurs, de leur bibliographie ; on parle aussi d'actualité (des événements, des gros titres), d'engagement (des opinions, des idées) ; on parle souvent de style, mais rarement d'écriture.
Séverine est un vilain petit canard. Oui.
Qui s'est barré de la basse-cour pour se tailler un sentier pas battu.
Et tout ceci n'a pas empêché Recluses de collectionner les critiques.
Vous pouvez y accéder depuis cette page.
Pour finir, ce petit extrait de l'entretien sur Un Polar-collectif :
(...) depuis
toute petite, je me suis créée tout un tas de croyances et de
superstitions diverses, dont l’une en particulier consistait à penser
qu’il fallait nécessairement être adaptée aux souhaits et attentes
supposés ou affirmés des autres (n’importe quels autres), sous peine de
désintégration immédiate, errance infinie, et autres tortures mentales
redoutables. Du coup, oser écrire quelque chose et que ce quelque chose
soit détesté, c’est très vivifiant pour moi, un peu comme si je me
débarrassais enfin d’oripeaux contraignants, invisibles et invivables
(car comment plaire à tout le monde si ce n’est au prix de renoncer à
soi ?).
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