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Ce n'est qu'un film, peut-on lire ici et là à propos d'Intouchable qui a battu des records d'entrées ces dernières semaines. Les mêmes internautes suggèrent de cesser de se référer à ce film dans le cadre de la campagne présidentielle en cours. Cesser de le désigner comme exemplaire, ou au contraire d'en critiquer la teneur. Ce n'est qu'un film, lit-on encore plus bas, dans les commentaires libres de multiples internautes.
Mais ce film n'aurait pas vu le jour il y a 30 ans. Tout comme dans 30 ans, il n'aura peut-être plus aucun sens, ou bien on le percevra différemment, car le temps file, les époques se succèdent et ne se ressemblent pas ; les mentalités changent. Prétendre qu'elles évoluent est une autre histoire.
C'est un film témoin de son époque. Un phénomène digne d'elle et de nulle autre. Peu importe ce qu'on en pense. Quelles que soient les intentions initiales des scénaristes et réalisateurs, le film existe et bat des records d'audience en 2012. C'est un fait. On ne peut pas se contenter de dire que "ce n'est qu'un film".
Autrement dit, on ne peut pas le séparer de la réalité, c'est à dire du contexte social dans lequel il a été réalisé et obtient un tel succès. Ce serait mentir, s'obstiner à demeurer sourd et aveugle, et, encore une fois, séparer les créations de l'époque qui les inspire et les diffuse – et les consomme. Séparer la culture de nos moindres faits et gestes au quotidien.
Et même en admettant qu'on persiste à se mentir à soi-même en prétendant que ce n'est qu'un film, il se trouve que les chiffres et les commentaires qui fusent autour sont là pour indiquer le contraire (les mêmes chiffres qui font les sondages dont les médias nous mitraillent au quotidien). Ce film est un révélateur, au même titre par ailleurs que les dix DVD ripés les plus téléchargés illégalement en 2011 : Fast and furious, Very bad trip 2, Thor, Source code... La liste complète est diffusée un peu partout, et il faut les voir pour le croire.
Bien entendu, beaucoup d'internautes prétendront qu'ils n'ont téléchargé aucun de ces dix là (ou juste un ou deux), mais ils ne seront pas suffisamment nombreux pour modifier le résultat global. Les exceptions ne font pas les règles. Elles sont imperceptibles dans un top 10.
Et il ne s'agit pas ici de comparer Intouchable à Fast and furious ou à Avatar, bien sûr, mais juste de constater des résultats, des symptômes (encore des chiffres) et de se poser des questions – ou d'éviter de le faire, par mesure de sécurité publique.
Un individu, ici et maintenant, qui prétendrait qu'un film ou un livre a modifié sa perception du monde, sa façon de penser et d'agir, ses choix à un moment donné de sa vie, ne serait pas entendu par ses semblables, ou passerait pour un illuminé dont les pieds ne touchent pas Terre – puisque ce ne sont que des films, des livres, des fictions. Des pets dans des violons.
Ce n'est qu'un film, peut-on lire ici et là à propos d'Intouchable qui a battu des records d'entrées ces dernières semaines. Les mêmes internautes suggèrent de cesser de se référer à ce film dans le cadre de la campagne présidentielle en cours. Cesser de le désigner comme exemplaire, ou au contraire d'en critiquer la teneur. Ce n'est qu'un film, lit-on encore plus bas, dans les commentaires libres de multiples internautes.
Mais ce film n'aurait pas vu le jour il y a 30 ans. Tout comme dans 30 ans, il n'aura peut-être plus aucun sens, ou bien on le percevra différemment, car le temps file, les époques se succèdent et ne se ressemblent pas ; les mentalités changent. Prétendre qu'elles évoluent est une autre histoire.
C'est un film témoin de son époque. Un phénomène digne d'elle et de nulle autre. Peu importe ce qu'on en pense. Quelles que soient les intentions initiales des scénaristes et réalisateurs, le film existe et bat des records d'audience en 2012. C'est un fait. On ne peut pas se contenter de dire que "ce n'est qu'un film".
Autrement dit, on ne peut pas le séparer de la réalité, c'est à dire du contexte social dans lequel il a été réalisé et obtient un tel succès. Ce serait mentir, s'obstiner à demeurer sourd et aveugle, et, encore une fois, séparer les créations de l'époque qui les inspire et les diffuse – et les consomme. Séparer la culture de nos moindres faits et gestes au quotidien.
Et même en admettant qu'on persiste à se mentir à soi-même en prétendant que ce n'est qu'un film, il se trouve que les chiffres et les commentaires qui fusent autour sont là pour indiquer le contraire (les mêmes chiffres qui font les sondages dont les médias nous mitraillent au quotidien). Ce film est un révélateur, au même titre par ailleurs que les dix DVD ripés les plus téléchargés illégalement en 2011 : Fast and furious, Very bad trip 2, Thor, Source code... La liste complète est diffusée un peu partout, et il faut les voir pour le croire.
Bien entendu, beaucoup d'internautes prétendront qu'ils n'ont téléchargé aucun de ces dix là (ou juste un ou deux), mais ils ne seront pas suffisamment nombreux pour modifier le résultat global. Les exceptions ne font pas les règles. Elles sont imperceptibles dans un top 10.
Et il ne s'agit pas ici de comparer Intouchable à Fast and furious ou à Avatar, bien sûr, mais juste de constater des résultats, des symptômes (encore des chiffres) et de se poser des questions – ou d'éviter de le faire, par mesure de sécurité publique.
Un individu, ici et maintenant, qui prétendrait qu'un film ou un livre a modifié sa perception du monde, sa façon de penser et d'agir, ses choix à un moment donné de sa vie, ne serait pas entendu par ses semblables, ou passerait pour un illuminé dont les pieds ne touchent pas Terre – puisque ce ne sont que des films, des livres, des fictions. Des pets dans des violons.
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