Hier, je me disais que la collection noir d'Ecorce tarderait à germer, autant qu'un printemps qui se fait attendre, puisque le terme collection implique plusieurs livres. Il implique également une cohésion, pas seulement dans l'identité visuelle, ni dans le fait que tous les romans de la collection seront noirs et se dérouleront dans une région délimitée, mais avant tout au niveau de l'écriture elle-même et des sujets que les auteurs aborderont au travers des textes à venir.
De quoi vont donc parler ces textes ?
Cette question peut apparaître superflue ; elle est pourtant essentielle. Si un auteur ne se la pose pas au moment d'entreprendre l'écriture d'un roman, le risque est grand qu'il s'égare ou ne fasse que raconter une histoire, en épousant des codes prescrits, en empruntant une direction déjà cinq mille fois explorée, en oubliant (peut-être) d'écrire, d'interroger sans cesse le présent, et de lui répondre, non seulement dans le fond du récit, mais aussi dans sa forme.
L'orientation d'Ecorce se situe là : dans le rapport des romans à leur époque et dans la forme d'écriture qui, de même, proposera une réplique de cette époque. Et j'en profite pour préciser que "roman noir" ne signifie pas nécessairement "roman policier". Un roman noir peut se passer de meurtre et d'enquête. Le terme "polar" ne figure pas dans la ligne éditoriale d'Ecorce.
L'angle d'attaque, si je puis dire, touche davantage à la part obscure de l'être humain, ou plus précisément celle de l'individu. Il vise la chair intime, le mal-être social, les angoisses générées par la vie en société en 2010, les comportements nouveaux, les modes de communication, la vitesse de l'information, la banalisation, l'indifférence... – tout ce qui a lieu là, sous nos yeux ou beaucoup plus loin, ici et maintenant.
Nul besoin d'une enquête policière pour révéler cet ensemble complexe de paramètres. Nul besoin d'un tueur en série ou d'un super-flic. Nul besoin de se sentir obliger d'emprunter telle ou telle voie déjà tracée pour prétendre être en mesure d'écrire un roman qui parle de cette époque. Ça peut être plus simple, et en même temps beaucoup plus compliqué, puisqu'il n'y a aucune recette imposée. Je dirais que tout reste à faire. Que la voie est libre. Le roman noir est une forme de littérature toute désignée pour témoigner de notre temps, sans filtre, sans gants, ni pincettes.
Initialement, le propre du roman noir consistait à transgresser. C'était aux Etats-Unis, il y a un siècle environ. Je ne vois aucune raison valable de l'oublier. Bien au contraire. Notre époque s'y prête plus que nulle autre, probablement. Et transgresser ne signifie par verser dans le grand spectacle et la surenchère, mais bien à témoigner d'un état des lieux et des êtres, d'en explorer le corps sensible, en y mettant la forme et les tripes.
De quoi vont donc parler ces textes ?
Cette question peut apparaître superflue ; elle est pourtant essentielle. Si un auteur ne se la pose pas au moment d'entreprendre l'écriture d'un roman, le risque est grand qu'il s'égare ou ne fasse que raconter une histoire, en épousant des codes prescrits, en empruntant une direction déjà cinq mille fois explorée, en oubliant (peut-être) d'écrire, d'interroger sans cesse le présent, et de lui répondre, non seulement dans le fond du récit, mais aussi dans sa forme.
L'orientation d'Ecorce se situe là : dans le rapport des romans à leur époque et dans la forme d'écriture qui, de même, proposera une réplique de cette époque. Et j'en profite pour préciser que "roman noir" ne signifie pas nécessairement "roman policier". Un roman noir peut se passer de meurtre et d'enquête. Le terme "polar" ne figure pas dans la ligne éditoriale d'Ecorce.
L'angle d'attaque, si je puis dire, touche davantage à la part obscure de l'être humain, ou plus précisément celle de l'individu. Il vise la chair intime, le mal-être social, les angoisses générées par la vie en société en 2010, les comportements nouveaux, les modes de communication, la vitesse de l'information, la banalisation, l'indifférence... – tout ce qui a lieu là, sous nos yeux ou beaucoup plus loin, ici et maintenant.
Nul besoin d'une enquête policière pour révéler cet ensemble complexe de paramètres. Nul besoin d'un tueur en série ou d'un super-flic. Nul besoin de se sentir obliger d'emprunter telle ou telle voie déjà tracée pour prétendre être en mesure d'écrire un roman qui parle de cette époque. Ça peut être plus simple, et en même temps beaucoup plus compliqué, puisqu'il n'y a aucune recette imposée. Je dirais que tout reste à faire. Que la voie est libre. Le roman noir est une forme de littérature toute désignée pour témoigner de notre temps, sans filtre, sans gants, ni pincettes.
Initialement, le propre du roman noir consistait à transgresser. C'était aux Etats-Unis, il y a un siècle environ. Je ne vois aucune raison valable de l'oublier. Bien au contraire. Notre époque s'y prête plus que nulle autre, probablement. Et transgresser ne signifie par verser dans le grand spectacle et la surenchère, mais bien à témoigner d'un état des lieux et des êtres, d'en explorer le corps sensible, en y mettant la forme et les tripes.
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