Hier, publication d'une nouvelle chronique du roman Recluses sur le blog Unwalkers.
Signée Caroline. Elle est ici.
Extrait : Un roman noir, très noir, complexe, dont on sort étourdi et déstabilisé.
Reste à voir si tant de lecteurs que ça attendent d'un roman qu'il soit déstabilisant. N'aurait-on pas plutôt tendance à vouloir être rassuré par une fiction ? Diverti ? Conforté ? (rien de ce qui vient de vous être conté n'a jamais eu lieu et n'aura jamais lieu, vous pouvez refermer ce livre et vous endormir tranquille – et faire de beaux rêves, si possible, jusqu'à la sonnerie déstabilisante du réveil).
Quelle auteure, récemment sur France Culture, disait que contrairement à de nombreux lecteurs, elle n'attendait pas d'un roman qu'il l'éloigne de la réalité, autrement dit qu'il lui change les idées, mais qu'il lui parle mieux de cette réalité ?
Une réalité aura beau être évidente et criante au travers d'une fiction, on a toujours la possibilité de refermer le livre, ou de sortir de la salle, pour s'en détourner – et revenir à nos moutons (ce qui ne nous empêchera pas de devoir se coltiner la réalité aussitôt après). On aura même le droit de dire que cette histoire était décidément bien ficelée, prenante, inventive, ou mieux encore : "sympa" (mot passe-partout de l'époque qui évite de chercher les termes justes pour désigner une chose, un événement, une création ; le dernier film de Steven Soderbergh est sympa ; le dernier roman de Bret Easton Ellis est sympa ; celui de James Ellroy aussi ; le 4x4 à 11900 euros de Dacia est sympa ; mon Iphone on n'en parle pas – presque tout est sympa ici bas, ce qui ne nous empêche pas d'être tout le temps mécontents).
Le roman de Séverine Chevalier n'est pas sympa. La collection dans laquelle il a vu le jour indique par ailleurs qu'il est plutôt noir (bah, ceci est bien accessoire et ne signifie pas grand-chose...). Il y a beaucoup de créations qui ne sont pas sympas du tout, mais dont on dira néanmoins qu'elles le sont, sans doute pour se protéger, ou juste pour alimenter un ensemble de comportements et de perceptions qui consiste à remiser la création dans le champ du divertissement. C'est culturel, sans doute. Et certaines impostures à 2 millions de ventes, d'entrées ou de téléchargements illégaux encouragent peut-être bien ce type de réaction. Non ?
La course à la présidentielle est sympa. Les personnages sont fouillés et les dialogues sonnent assez juste. En dépit d'un style un peu lourd (trop de style tue le style), on passe un bon moment car les rebondissements sont inventifs, ils se succèdent à un rythme étonnant et nous tiennent en haleine. L'intrigue est bien menée et les auteurs (c'est un recueil collectif) entretiennent le suspens jusqu'à la dernière seconde.
Signée Caroline. Elle est ici.
Extrait : Un roman noir, très noir, complexe, dont on sort étourdi et déstabilisé.
Reste à voir si tant de lecteurs que ça attendent d'un roman qu'il soit déstabilisant. N'aurait-on pas plutôt tendance à vouloir être rassuré par une fiction ? Diverti ? Conforté ? (rien de ce qui vient de vous être conté n'a jamais eu lieu et n'aura jamais lieu, vous pouvez refermer ce livre et vous endormir tranquille – et faire de beaux rêves, si possible, jusqu'à la sonnerie déstabilisante du réveil).
Quelle auteure, récemment sur France Culture, disait que contrairement à de nombreux lecteurs, elle n'attendait pas d'un roman qu'il l'éloigne de la réalité, autrement dit qu'il lui change les idées, mais qu'il lui parle mieux de cette réalité ?
Une réalité aura beau être évidente et criante au travers d'une fiction, on a toujours la possibilité de refermer le livre, ou de sortir de la salle, pour s'en détourner – et revenir à nos moutons (ce qui ne nous empêchera pas de devoir se coltiner la réalité aussitôt après). On aura même le droit de dire que cette histoire était décidément bien ficelée, prenante, inventive, ou mieux encore : "sympa" (mot passe-partout de l'époque qui évite de chercher les termes justes pour désigner une chose, un événement, une création ; le dernier film de Steven Soderbergh est sympa ; le dernier roman de Bret Easton Ellis est sympa ; celui de James Ellroy aussi ; le 4x4 à 11900 euros de Dacia est sympa ; mon Iphone on n'en parle pas – presque tout est sympa ici bas, ce qui ne nous empêche pas d'être tout le temps mécontents).
Le roman de Séverine Chevalier n'est pas sympa. La collection dans laquelle il a vu le jour indique par ailleurs qu'il est plutôt noir (bah, ceci est bien accessoire et ne signifie pas grand-chose...). Il y a beaucoup de créations qui ne sont pas sympas du tout, mais dont on dira néanmoins qu'elles le sont, sans doute pour se protéger, ou juste pour alimenter un ensemble de comportements et de perceptions qui consiste à remiser la création dans le champ du divertissement. C'est culturel, sans doute. Et certaines impostures à 2 millions de ventes, d'entrées ou de téléchargements illégaux encouragent peut-être bien ce type de réaction. Non ?
La course à la présidentielle est sympa. Les personnages sont fouillés et les dialogues sonnent assez juste. En dépit d'un style un peu lourd (trop de style tue le style), on passe un bon moment car les rebondissements sont inventifs, ils se succèdent à un rythme étonnant et nous tiennent en haleine. L'intrigue est bien menée et les auteurs (c'est un recueil collectif) entretiennent le suspens jusqu'à la dernière seconde.
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