mardi 8 juin 2010

Des événements comme les Nuits noires passent à une vitesse inouïe. Des mois de préparation pour quelques heures d'action, réparties dans un programme concentré.

En premier lieu, rencontre avec les quelques 300 lycéens issus de cinq établissements : Bellac, Egletons, Bordeaux, Ussel et Aubusson : récolte des votes et des arguments de chacun autour de 8 tables rondes, afin de désigner le prix du polar lycéen 2010, parmi 4 romans noirs :

Lorraine connection, de Dominique Manotti
Les orpailleurs, de Thierry Jonquet
Passage du désir, de Dominique Sylvain
Meurtre pour mémoire, de Didier Daeninckx

A cette occasion, un recueil de textes courts voit le jour : Sur le bitume des mortels, écrits par les 30 élèves de la seconde 1 du lycée Eugène Jamot, à Aubusson ; atelier d'écriture dirigé depuis décembre 2009 par Cyril Herry (auteur et éditeur) et Cécile Maugis (professeur de lettres et organisatrice des Nuits noires).

Puis nouvel atelier d'écriture, les 3 et 4 juin, animé par Antonin Varenne, Jean-Hugues Oppel, Laurence Biberfeld et Cyril Herry, avec une centaine d'élèves. Expérience flash : vous avez cinq heures pour écrire un texte sur le thème : découverte d'un corps.

Des rencontres, encore, dans un amphithéâtre plein à craquer. Des questions, des réponses, des rires, de l'étonnement, des doutes. Et le résultat des votes tombe dans la foulée : Thierry Jonquet l'emporte de justesse, devant Didier Daeninckx.

Suivront des lectures en public par un groupe de lycéens, dans l'arrière-cour ensoleillée d'un petit troquet d'Aubusson, de chapitres tirés de romans de plusieurs auteurs présents, dont Maurice Attia et Gilles Del Pappas. Un avant-goût du lendemain, dans un autre endroit ensoleillé. Mais entre temps aura eu lieu la nuit noire, au crépuscule, dans une salle comble, en présence d'une centaine de personnes.

Sur le principe des Papous dans la tête (France culture), des sujets à contraintes ont été donnés aux huit auteurs invités. Jean-Bernard Pouy orchestrera la danse, soutenu par Cécile Maugis. Petit nouveau dans la liste des auteurs, Eric Maneval ouvrira le bal et racontera l'histoire d'un objet désuet, plus ou moins oublié ; son aventure.
Et n'allez pas imaginer que les auteurs se contentent de réciter des textes dans un silence religieux. N'allez pas croire que le public se tient d'un côté et les auteurs de l'autre – la nuit noire est un grand tout dans lequel tout peut arriver ; dans lequel on circule et où surviennent sans cesse des interférences, des imprévus, des échos en provenance du public, des auteurs. Une complexe combinaison d'énergies qui font de chaque nuit noire, depuis 4 ans, un événement différent.

On en ressort et on recueille les avis du public : on ne s'attendait pas à ça, on pensait que ce serait juste comme ci ou comme ça. Ou : vivement l'année prochaine. Ou : c'est une expérience à réaliser dans d'autres endroits, entre temps, et d'autres publics. Ou : ?

Samedi 5 juin, à la médiathèque de Felletin : interview croisée et débat animé par Jean-Bernard Pouy et Eric Maneval (au lendemain de la nuit qui a laissé des traces vives dans les esprits). Puis retour à Aubusson où des lectures publiques ont lieu sur une place dans les vieux quartiers de la ville. Accessoirement, on dédicace des romans.
Là encore, le public se trouve parmi les auteurs. Pas de séparation, et aucune règle n'est imposée. Chacun est en droit de s'accaparer un ouvrage et d'en lire un passage, tout comme un auteur peut choisir de livrer le contenu d'un de ses textes, comme ce fut le cas d'Antonin Varenne avec un extrait de son prochain roman, ou de Jean-Hugues Oppel et l'ouverture de French tabloïds.

Difficile, voire impossible de retranscrire l'événement.
Mais impossible de ne rien en dire.
Il a eu lieu.
Vivement 2011.


Jean-Bernard Pouy : lecture intégrale de Mes soixante huitres (photo : Malika)

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